Facilitatrice en médiation restaurative

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facilitatrice en mediation restaurative

A l’issue de la formation Certificat universitaire médiation restaurative : une pratique nouvelle de la médiation à l’Université catholique de Lyon (promo 2022-2023), j’ai le plaisir d’être certifiée « Facilitatrice en médiation restaurative ».

Super, mais c’est quoi ??

Pour les personnes qui ont vu le film Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, réponse très rapide : je suis Judith (jouée par Elodie Bouchez).
Pour celles et ceux qui n’ont pas vu ce film… je ne peux que vous inviter vivement à le regarder !
Pour tou.te.s, je vous invite à lire la suite de l’article 🙂
Et enfin pour les plus motivé.e.s, intéressé.e.s, voici le projet rédigé en vue de l’obtention du CUMR : Projet de Justice restaurative – Médiation restaurative (calameo.com)

La Justice Restaurative, kezako ?

Arrivée en France vers la fin des années 2000, la Justice Restaurative est entrée dans le code de procédure pénale en 2014.

Robert CARIO, fondateur de l’Institut Français pour la Justice Restaurative, qualifie de « mesure restaurative tout espace de parole, de dialogue, d’échanges qui associe, tout au long du déroulement du programme, personne infracteure et personne victime et/ou, selon les cas, leurs proches et leurs communautés d’appartenance ».

La Justice Restaurative propose une dizaine de mesures, qui peuvent se classer en trois grandes catégories :

1/ les rencontres directes mettent en relation les auteurs et les victimes d’une même affaire ;
2/ les rencontres indirectes : auteurs et victimes ne sont pas concernés par la même affaire ;
3/ les groupes de soutien.

Le film Je verrai toujours vos visages, de Jeanne Herry (2023), met en scène deux de ces dispositifs :

– des rencontres détenus victimes (RDV) pour des faits de vol (braquage, à l’arrachée, etc.), représentées par l’affiche du film ci-contre. Il s’agit d’une rencontre indirecte (2e catégorie ci-dessus).

– une médiation restaurative entre une soeur et un frère, pour des faits d’inceste. Il s’agit d’une rencontre directe (1ère catégorie ci-dessus).

Une déontologie non négociable.

Des évaluations soulignent que la pratique de la médiation infracteurs-victimes, particulièrement en matière de crimes graves, apparait tout à fait performante… à condition que les principes, les valeurs, les techniques et les fondements des approches soient respectés à la lettre. (Cario, 2020).

Parmi ces conditions cumulatives :

Contexte de partenariat local réunissant, à échéances régulières, plusieurs acteurs (autorité judiciaire, barreau, SPIP, PJJ, secteur local associatif socio-judiciaire, secteur associatif localement dédié aux victimes) au sein d’un comité de pilotage, qui élaborent le cadre de mise en oeuvre de la JR et sa méthodologie.
Information complète des parties.
Reconnaissance des faits, pour réviter les victimisations secondaires.
Le tiers indépendant spécialement formé entre autres pour garantir la sécurité des participants.
Dispositif qui se déroule en toute confidentialité.
Le consentement expresse des parties est recherché à chaque étape. La Justice restaurative est un droit, pas une obligation, chacun peut arrêter à tout moment.

A ces gardes-fous valables pour tous types de mesures de JR peuvent s’ajouter des précautions selon le type d’infraction (violences conjugales, intrafamiliales ou sexuelles), ou selon le public (travail avec les mineurs).

En savoir davantage sur la Justice Restaurative :

– Le projet que j’ai rédigé en vue de l’obtention du CUMR, avec bibliographie à la fin.

– Guide méthodologique du Ministère de la Justice, 2020.

– Webinaires organisés par l’IFJR (Institut Français pour la Justice Restaurative),

– Citoyens & Justice, fédération nationale des associations socio-judiciaires

– Documentaire « Amahembe y’inka (les cornes de la vache) » de François Bierry, sur le dispositif de justice restaurative au Rwanda, co-porté par Salomé van Billoen.

– Film « La Médiation Restaurative, l’expérimentation de l’UEMO de Juvisy », présenté par la DDPJJ de l’Essonne. UEMO (Unité Educative en Milieu Ouvert) de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) à Juvisy-sur-Orge.

Médiation restaurative dans le champ familial

Attention, il ne suffit pas d’être médiateur – même diplômé d’Etat – pour animer une mesure de médiation restaurative.

Médiatrice familiale, je reçois depuis 2018 des familles en situation de conflits pour les aider à trouver des accords apaisés.

Dans les situations de violences intrafamiliales, la domination ne laisse aucune place à l’altérité, à la différence des conflits (même intenses). Même encadrée, la parole pourrait constituer une nouvelle forme de violence pour la personne qui a subi les passages à l’acte. C’est pourquoi la loi du 30 juillet 2020 interdit le recours à la médiation familiale en cas de violences intrafamiliales avérées ou alléguées.

Et c’est notamment pour aiguiser mes antennes – déjà bien affutées – de détection de violences que je me suis formée en victimologie et criminologie (Diplôme d’Université obtenu en 2021).

Enfin, mon expérience personnelle en tant que bénéficiaire d’une mesure de médiation restaurative m’oblige à suggérer très fortement d’ajouter une condition de formation spécifique aux violences intrafamiliales, et plus spécifiquement à l’inceste, pour les facilitateurs amenés à animer des mesures de Justice restaurative dans ces contextes.

Projet de JR dans le champ scolaire

Introduire la justice restaurative dans les établissements scolaires est une alternative à la discipline punitive qui s’appuie sur la connexion et la résolution de conflit. Elle s’appuie sur l’idée de recréer du lien entre les élèves qui posent des problèmes dans le fonctionnement de l’école, l’équipe éducative et les victimes afin de trouver des solutions pour que le problème ne devienne pas récurrent.

Plutôt qu’exclure les élèves offenseurs, les professeurs et les victimes communiquent directement avec eux. L’objectif est de s’asseoir en cercle et de parler tous ensemble des faits, des émotions, des sentiments, des besoins. Les victimes peuvent ainsi libérer leurs émotions et parler du mal qui leur a été fait afin d’entamer un processus de réparation interne. Les offenseurs peuvent comprendre l’étendue des conséquences de leurs actes puis se racheter de manière authentique en vue de réintégrer la communauté.

Il ne s’agit pas d’une confrontation où les jeunes essaient de prouver leur innocence mais d’un cercle de parole de cœur à cœur.

Pour les jeunes, il est plus difficile de saisir le sens de leurs actes et d’être confrontés à leurs camarades, leurs professeurs ou les personnes lésées que d’être simplement renvoyés chez eux.

En savoir plus sur les pratiques restauratives dans le scolaire.

Projet de pratiques restauratives dans le monde du travail

Ayant exercé dans des organisations internationales pendant dix ans, j’interviens depuis 2014 dans les entreprises comme formatrice et coache professionnelle, notamment dans la prévention des risques psychosociaux.

Là aussi les pratiques restauratives ont toute leur place dans la souffrance au travail, notamment la médiation restaurative et les conférences restauratives.